jeudi 31 juillet 2014

Mon Etape du Tour 2014 # 6 - Pau - Hautacam J + 1 - I did it ! Put... quelle galère...

Et bien je suis de retour en ce lendemain d'Etape du Tour.
Ce message est donc synonyme du "happy end" pour mon histoire. Et oui je fais partie des "finisher" comme ils disent.....

Petit résumé de cette "sacrée" journée :

6h15 réveil après oh surprise, une nuit correcte. Le vélo a été révisé par mes soins, les affaires étaient toutes prêtes la veille ainsi que le sac de rechange qui ira dans ma voiture suiveuse. J'ai en effet la chance comme d'autres GCPiens que nos épouses ou compagnes fassent partie du périple et viennent nous supporter, une jour de plus..., à différents endroits sur le circuit.
Après un coup d'oeil par les fenêtres, je m'équipe donc en cuissard court, sous maillot, maillot manches courtes, manchettes, coupe-vent. Sous ma selle j'attache un K-Way, simple précaution ou prédiction.... Le ciel Palois affiche quelques nuages mais il n'a pas plu de la nuit et le temps semble "tenir".
Direction le petit déjeuner que j'ai du mal à avaler. Un petit café noir, une ou deux tranches de brioches quelques céréales mais, l'appétit n'est pas là. Je décide donc de bourrer mes poches de barres de céréales et de pâtes de fruit. Je ne suis en effet pas très partisan pour tester ces barres, gels ou autres boissons proposés lors des épreuves afin d'éviter tout problème gastrique et pollution olfactive !
6h45 David est là pour que nous prenions à vélo la direction du centre ville et de la place Verdun. Des vélos, des vélos, encore des vélos dans les rues au petit matin, un vrai défilé post 14 juillet.
6h58 nous sommes en place dans le sas n°6, la place Verdun se remplit doucement surtout dans sa 2ieme moitié et le décompte s'égraine pour le départ des premiers concurrents à 7h.
Le notre est prévu 48 minutes plus tard. Le sas est l'occasion de faire connaissance avec d'autre passionnés qui eux aussi sont en quête d'informations surtout dés qu'ils découvrent que nous sommes des régionaux de l'étape : "le météo ça va le faire ?", "Elle sont comment les premières côtes...?".
7h48 à la seconde prêt le départ est donné pour nous : les premiers coups de pédales se font entre soulagement, trouver son rythme de croisière, rester vigilant sur les premiers pièges de la chaussée...et le plaisir d'y être entourés d'autres cyclos.
Sans faire le récit de tout le parcours, "Mon EDT" peut se résumer en 2 parties qui collent exactement à chaque moitié du parcours :
  • Les 75 premiers kilomètres se font plutôt dans la joie, avec un bon coup de pédale, on profite avec David du public, de l'ambiance, des rayons de soleil, des décorations faites dans les villages, du "coucou" des connaissances présentes sur le bord de la route et des cyclos locaux qui nous reconnaissent. Les 5 côtes du départ (pour 2 seulement référencées) se passent "tranquille" sans encombre et lors de l'arrivée à Bagnères nous faisons un première pause pour remplir les bidons. Nous réalisons que notre moyenne est plus élevée que prévu. Attention au retour de boomerang...
  • A partir de Campan et l'attaque de la seconde moitié du circuit, tout change : la pluie est de la partie et semble surtout vouloir se maintenir, le ciel est noir en direction de St Marie, nous sommes desuite trempés, le dénivelé se relève petit à petit et les moments de doutes vont commencer à faire leur apparition notamment à la vue des premiers concurrents qui rebroussent chemin.
La montée du Tourmalet se fait donc sous la pluie, dans la grisaille, la température est correcte pour monter mais on pense aussi et déjà à la descente, quid, qu'est ce qui l'en est de l'autre côté ????
La montée du Tourmalet est montée "au train" sur le 39x28 pour les 5 premiers Km, puis le 30x24 et le 30x28 avant la Mongie et jusqu'au sommet. Au sommet justement, la pluie est toujours présente, les ambulances aussi ce qui n'a pas tendance à nous réconforter.
2ieme halte pour refaire les niveaux et surtout se couvrir. J'enfile mon coupe-vent et mon K-Way je me dis que j'ai bien fait....malheureusement !
Nous attaquons enfin, c'est un bien grand mot, nous nous lançons (mais pas très vite..) dans la descente les mains sur les freins à les activer par à coups afin de limiter notre vitesse et de maitriser de notre monture. Pluie battante, route gorgée d'eau, par endroits des petits ruisseaux viennent traverser la chaussée et surtout, nous sommes bien en deçà des 10° et très loin des températures du départ à Pau.
Cette descente fera partie des moments les plus durs de cette épreuve, maitriser sa machine, maitriser les crampes, lutter contre le froid, garder l'oeil sur la route et les concurrents qu'on double ou qui nous doublent. A ce sujet amis d'outre manche, chez nous on double par la gauche et non pas par la droite... 
Cette descente sera presque aussi usante que la montée.
Arrivés "sains et saufs" à Luz mais transis de froid nous décidons de faire une pause pour tenter de se "réchauffer". Une fois ma cale défaite et le pied à terre, je mets pas loin de 5 minutes avant d'arriver à bouger quoique ce soit. Lever la jambe pour passer par dessus le cadre me parait irréalisable.
Autour de nous, tout le monde est dans le même état. Certains demandent une couverture de survie, d'autres un endroit à l’abri pour se réchauffer, d'autres encore immobiles comme nous sont pris de tremblements parkinsoniens incontrôlables... Mais qu'est ce qu'on fou là, quel sport de c.. le vélo.
Rapidement le moral revient après quelques mouvement de bras pour réchauffer et surtou, parce que les jambes et le cerveau nous demandent on se sait pas pourquoi, ni comment, de repartir ???
Direction les gorges de Luz ou les premières douleurs se font sentir : jambes dures, bras encore crispés de la descente, crampes qui viennent titiller nos mollets ou cuisses lorsqu'il faut envoyer le 52.
Mais un élément va nous réconforter et je peux vous dire qu'à ce moment là ça compte, la sortie des gorges et la plaine d'Argeles sont sous le soleil, oui le soleil !
Descente des gorges à bon rythme, replat de la plaine aussi sur un bon train mais petits bémols en tête : on roule à 39/40 et pas de peloton pour se mettre à l’abri, on est en train de se griser à nouveau et surtout, d'y laisser des plumes....
Le pied d'Hautacam est là, dernière pause de prévue pour refaire le plein d'eau, ranger le Kway. Ce ravito est digne d'une montée de l'Alpe d'Huez, les supporters veulent nous voir de près, retrouver leurs héros du jour. On a du mal à atteindre les tables et ses victuailles.
Le premier Km à partir de ce ravitaillement fait oublier (pour pas très longtemps...) les 13 km suivants. On doit se frayer un passage au milieu de public, nous ne pouvons même pas passer à 2 de front. C'est super, on s'enflamme et on oublie le mal aux jambes.
Juste à l'entrée du village d'Ayros Arbouix, c'est aussi l'occasion de revoir d'autres "têtes connues" au bord de la route et de croiser nous compagnes. Un dernier coup de boost pour attaquer "Monsieur" Hautacam.
La première moitié se passe correctement pour moi, David est à une dizaine de mètres devant. Je monte comme mon corps (ou cerveau, qui dirige qui ?) me le "conseille" et comme il le peut surtout. Pas de crampe, pas de situation de crise ou de panique, ça roule (certes pas vite).
On arrive au lieu dit St André. Je sais que là débute la partie dure et c'est là que je réalise qu'au pied du col et ravitaillement dans l'euphorie, je n'ai pas rempli mes bidons....quel c....!
Un rapide coup d'oeil vers mon cadre, il me reste un fond dans chaque bidon....moment de panique...analyse "rapide" de la situation : 5km à faire, 2 fond d'eau, il pleut, ça va le faire....ou pas ????
C'est au même moment que je tape vraiment dans mes réserves. Mon corps pédale "automatiquement", mécaniquement, je n'ai plus vraiment le contrôle ou une quelconque gestion de mon effort.
Accélérer ! La bonne blague, pour quoi faire et surtout comment faire ????
A ce moment là, je pense que je pédale plus avec ma tête et au moral, qu'avec la force qu'il me reste dans le cannes.
Cette partie dure d'Hautacam jusqu'aux 2 derniers Km sera longue, très longue, très très longue (je pense même qu'elle fait plus de 2 km....) et sera le moment de se poser mille questions : je mets pied à terre, je résiste, non il y a un léger "replat" dans 50 mètres, voyons ce que ça donne dans 10 mètres, après le virage c'est mieux etc...
J'arrive à me trainer et à avancer petit à petit, bercé par le bruit des "veinards" qui nous croisent et qui redescendent, les bruits des pédaliers de ceux me doublent et à ce moment là, il y en a beaucoup, pour arriver à mon lieu et point critique.
Lors de ma précédente (et unique) montée d'Hautacam, le virage présent au niveau de l'auberge de l'Arrioutou et jusqu'à la barrière canadienne est synonyme du dernier "coup de cul" et du dernier gros passage dur à franchir.
Je garde surtout un mauvais souvenir de cette portion. C'est 100, voire 150 mètres au total mais, ils m'ont marqués. Je sais qu'après, il reste 2 bornes plus faciles.
A ma grande surprise, ce passage se passe mieux, enfin, je le passe sans plus souffrir et toujours aussi automatiquement que les 2 précédents km.
Allez, il ne reste plus que 2 km, je me dis que je vais en profiter, savourer ce moment, regarder le public présent malgré la pluie, me préparer à franchir la ligne avec une gros "YES" de "victoire.
Et bien que nenni, même pas ! Ces 2 derniers Km seront faits au rupteur, à scruter le moindre détail et point de réconfort (tout est bon à prendre), tous les panneaux indiquant l'arrivée prochaine et à chercher ce dernier Km et surtout apercevoir l'arche d'arrivée.
Ca y est, la ligne passée, je cherche David qui est arrivé un 10aine de minute avant moi.
Le froid, l'humidité, la faim, la soif et la fatigue nous limitent à une poignée de main de félicitation et de soulagement.
La satisfaction est là mais pas de signe d’extériorisation manifeste, pas la force...et en plus il faut redescendre et pire encore, sous la pluie....

En résumé et pour conclure :
L'étape, du moins cette étape, est faisable pour un cycliste qui n'est pas fan ni à l'aise en montagne et qui n'a pas de prédisposition physique/sportive particulière.
En revanche, une préparation et des sacrifices pour trouver le temps pour s'entrainer sont INDISPENSABLES.
L'effet de groupe est aussi primordial. Tant durant cette phase et ces longues semaines de préparation lorsqu'il faut prendre le vélo alors qu'on préfèrerait rester sous la couette que, le Jour J, lorsqu'on trouve du réconfort auprès de compagnons de route et de "galère".
C'est un beau défi à relever mais qui use, physiquement ET moralement.
Aussi étrange que cela puisse paraître et malgré les difficultés géographiques et climatiques, je n'ai jamais voire pas du tout penser à l'abandon.
Je pense par ailleurs, qu'une des clés de la réussite du moins pour une première participation est, de ne pas se fixer d'objectif de place, de temps hormis celui de terminer.
En revanche il faut prévoir que les conditions météo peuvent vraiment durcir l'épreuve. Je le confirme et je ne pense pas être le seul !

Enfin, une pensée, des félicitations et des remerciements pour :
  • Les nombreux bénévoles mobilisés aux villages, au départ, à l'arrivée, aux ravitaillements. Un petit mot, un sourire, un verre d'eau tendu, ça fait vraiment du bien.
  • Aux organisateurs : certes j'avoue et je pense que cette "Etape" est devenu un vrai business et boite à fric pour les organisateurs. Mais bon, le service, de ce que j'en ai vu est là, rien à redire. Logistique, sécurité, secours, nombre de bénévoles, motards, tout est prévu et bien rôdé. Juste quelques "remarques" à faire sur les ravitaillements parfois uniquement liquides. J'avoue qu'au sommet du Tourmalet j'aurais bien apprécié pouvoir manger un bout de pain d'épice et que je ne me voyais pas m'arrêter et couper mon effort au ravitaillement précédent "complet" qui était proposé à La Mongie. Mais bon sur l'ensemble c'est vraiment une belle entreprise.
  • Aux licenciés du GCP : c'est une belle aventure collective qui se vie, se prépare, se comprend aussi et se partage à plusieurs. Ceci même si le hasard des dossards, les performances et les capacités individuelles font que nous étions éparpillés aux 4 coins des sas et aux 4 coins du classement. Le vélo un sport individuel qui se pratique en équipe. Ça se confirme.
  • Aux performances du GCP : un top 100 (57 pour être précis),  un top 200, un top 500, Un top 600 plus tous les autres.... Quand je dis que le niveau monte d'année en année. 2015 le top 20, 2016 on joue la gagne ! Les Herberteau, Pouly, Loustaunou et autres Dumont, vous pouvez trembler.....
  • A la famille et aux proches : durant la phase de préparation le vélo prend une part non négligeable pour ne pas dire primordiale. Tout le monde prépare et vie pour l'étape. C'est une victoire d'équipe !
  • Aux partenaires du GCP qui font que l'on se retrouve sous les mêmes couleurs et qui permettent au club d'exister.
  • A tous les concurrents et compagnons de galère de cette étape. C'est vraiment quelque chose que de voir ce tsunami de cycliste et de mecs épilés débarquer dans la ville.

Bon pour conclure pour de bon cette fois et histoire de faire "enrager" nos chères et tendres épouses une dernière fois, allez, on se donne rendez-vous l'année prochaine ??!!

La suite........

Rappels des épisodes précédents :
  • Episode 1 : J- 5 : ici
  • Episode 2 : J- 4 : ici
  • Episode 3 : J- 3 : ici 
  • Episode 4 : J- 2 : ici
  • Episode 5 : J- 1 : ici
  • Pour les curieux : mon strava

2 commentaires:

Olivier Bourda a dit…

Merci pour ce récit Président !

Olivier Bourda a dit…

C'est marrant cette tendance à se griser dans les gorges de Luz, j'ai connu la même chose... l'odeur de l'écurie peut-être ? Mais le bourrin avait juste oublié la dernière haie à franchir !

L'Equipe.fr Actu Cyclisme