samedi 7 juillet 2012

La Pyrénéenne 2012, Récit

Ayant fait un petit tour à Pau pour des raisons familiales, me voici donc au départ de la Pyrénéenne. J'avais hésité à m'engager sur le grand parcours, avec 4 cols et 5000m de dénivelé sur 180 km, mais finalement je me suis rabattu sur le "petit" parcours : 115 km, 3000m de dénivelé et 2 hors catégorie à grimper, le Tourmalet et Hautacam en haut duquel est jugé l'arrivée. C'était simplement plus raisonnable dans l'optique de l'Etape du Tour et compte tenu que j'avais eu un peu de mal à me remettre des 220 bornes et 9 cols de l'Ardéchoise 2 semaines auparavant.

Me voici donc dimanche dernier à Argelès-Gazost au départ de cette Pyrénéenne, qui s'annonce... disons humide et fraiche. Depuis la veille, orage et pluie, les Pyrénées sont sombres et bouchées, s'il tombe quelques gouttes sur la ligne de départ, les gros nuages noirs qui nous surplombent ne laissent rien ignorer de ce qui nous attend.

Je retrouve sur la ligne 2 compagnons du GCP que je ne connaissais pas encore, Samuel et Philippe, tous deux préparant aussi l'EDT. Olive quant à lui s'est dégonflé devant la pluie et le froid... peur de prendre un ticket dans Hautacam aussi sans doute ;-) En tous cas, il ne sera pas le seul à jeter l'éponge : seulement 483 classés sur plus de 650 inscrits. Outre ceux qui n'ont pas pris le départ, on a aussi vu quantité de cyclos faire demi-tour dans le Tourmalet...

Bref, le départ est donné sous une petite pluie fine. A la sortie d'Argelès des petits groupes se constituent tels des grappes sur une longue vigne multicolore. Je remonte quelques groupes ne sachant trop sur quel rythme rouler sans en laisser trop et en restant abrité le plus possible. Philippe me dépasse, ayant entendu parler de ses résultats monstrueux dans les Etapes du Tour, je ne me fais pas d'illusion sur mes capacités à le suivre, mais je prends tout de même cette roue rapide. Nous remontons les gorges de Luz bien au chaud dans un grand groupe de plusieurs dizaines de gars. La pluie est bien là et le Kway est de rigueur pour tout le monde.

Peu avant le sommet du Tourmalet
Mon coach de luxe

A Luz, pas mal de monde dans les rues, virage à gauche bien connu maintenant et c'est parti pour les 19 km du Tourmalet. PAN ! le départ de l'ascension est donné par l'éclatement d'un pneu juste à coté de moi qui fait sursauter tout le monde. D'emblée, je me sens très bien dans ces 1eres rampes avalées sur 39*23 ou 25 à 14-15 km/h. Avec Philippe qui me fait une impression énorme de facilité, on avance bien et on remonte pas mal de monde tout en taillant une petite bavette. Il faut bien faire connaissance. 

Je mets le 30 peu avant Barèges et son célèbre mur, une des parties les plus difficiles du col. Tiens, il ne pleut plus, j'en profite pour ouvrir le Kway en grand pour rafraîchir un peu le moteur. Après Barèges nous empruntons la nouvelle route, l'ancienne semble être fermée définitivement, nous montons à 12/13. Les jambes tournent toujours très bien, mais la température à tendance à se rafraichir à l'approche du sommet. D'ailleurs, juste après avoir dépassé l'embranchement avec l'ancienne route, c'est désormais du grésil qui nous arrose copieusement... et nous voyons beaucoup de gars qui redescendent. Le froid se fait sentir malgré l'effort de la montée, je referme le Kway.


Le sommet est là, juste derrière la terrible dernière rampe à 13%, la pluie et le froid aussi, il fait 5 degrés. Philippe est content d'avoir fait la montée "tranquille" après avoir fait les 170 bornes de l'Ariégeoise la veille (arrivée au plateau de Beille!), pour ma part, je lui dit que 1h30, c'est tout juste mon meilleur temps sur cette montée... et j'en suis super content !

Après un ravito rapide surtout pour refaire le plein d'eau, nous attaquons la descente détrempée... sur des oeufs, surtout dans les 1ers lacets. Je me méfie surtout des lignes blanches, des peintures Tour de France et, des bouses de vache pour éviter de finir dans le décor. Vers La Mongie on est obligé de quasi s'arrêter au niveau d'une gigantesque flaque de boue... Je pensais avoir très froid, mais finalement ça va pas trop mal de ce coté, même si les doigts sont un peu engourdis. Finalement la vitesse réduite pour éviter la glissade permet aussi de ne pas trop se geler...

Samuel (à peine) plus loin
Dans les longues lignes droites après La Mongie, on prend un peu de vitesse, mais rarement plus de 55. Au détour d'un virage masqué, des cyclistes arrêtés, une ambulance, nous rappellent que nous jouons aux équilibristes dans cette longue descente.


Avec Philippe nous remontons et dépassons quelques gars qui guidonnent pas mal, un peu crispés par le froid. Après Campan, dans un long faux plat descendant, on se fait une bonne partie de manivelles tous les deux à 50 à l'heure pour rentrer dans un groupe un peu plus bas. Les jambes sont engourdies par la descente, il faut bien se réchauffer. Nous rentrons facilement dans le groupe à l'entrée de Bagnères. La température est un peu remontée et il ne pleut plus. 

Nous abordons la côte de Neuilh. Pas super impressionnante sur le papier mais qui fait du dégât dans le groupe, Philippe à démarré, je pense ne plus le voir. Je me maintiens aisément en tête du groupe. Ravito au sommet, un peu de salé fait toujours du bien. Et c'est un long faux plat à flanc de colline, puis une descente sur une route étroite, sinueuse, chaotique, mais qui heureusement est sèche. 

Retour dans la vallée, toujours pas de pluie, mais le plafond est vraiment bas ce qui laisse augurer de la pluie dans Hautacam. Au fil des faux plats qui nous mènent au pied, le groupe où je suis explose par l'arrière. Pour ma part, je me sens encore très bien et n'ait aucun mal à rouler en tête. Au pied, surprise, Philippe m'a attendu. C'est sympa, je vais bénéficier d'un directeur sportif de luxe pour me coacher dans cette montée que je ne connais que de réputation, ne l'ayant jamais escaladée. Dans les 1eres rampes, je me sens à l'aise, même si Philippe douche mes ardeurs en me signalant que c'est la partie la plus facile... après un replat on attaque la première rampe sévère qui fait très mal aux jambes. Sans s'affoler je prends mon (petit) rythme. Philippe accélère, ralentit, discute, me prend 500m, m'attend. Je suis bluffé et comprend ce que c'est que finir régulièrement dans les 200 de l'EDT... 

Nous repassons dans le brouillard, la pluie revient au moment d'une autre rampe très dure... je m'accroche, et là c'est comme d'hab au mental que ça se joue. Et comme d'hab, dans ce genre de situation, je me perds dans le compte des km qui nous séparent du sommet : 9, 8, 7, ... 5; tiens je n'ai pas vu le panneau 6... Les pourcentages affichés font mal au crâne... Mais, ce qui est rassurant c'est que personne ne nous dépasse, on ne doit pas être trop mal quand même... à 2 ou3 km du sommet, je ne me souviens plus bien, Philippe démarre pour de bon, il va me prendre 5 minutes 30... Je reste sur mon rythme, dans le froid, la pluie et le brouillard. Franchement, on se croirait dans les highlands écossais. Dire qu'on est le 1er juillet ! Dernier km, je donne tout ce qui me reste pour doubler le maximum de gars.

Contrôle arrivée, la montée en 1h12, pas trop mal pour une 1ere. Petit ravito et sans trainer je redescend... Un calvaire. Brouillard, pluie, froid. Je ne vois rien et je grelotte littéralement sur le vélo, c'est dur de rouler droit quand on tremble de tout le corps. Les gars que je croise doivent avoir une drôle d'impression en m'entendant claquer des dents comme une machine à coudre... Mais comme l'an dernier après l'Alpe d'Huez, toujours ce petit plaisir un peu sadique de voir les autres en chier dans la montée alors que je descends après en avoir terminé... Ca réchauffe, un peu, mais cette descente est quand même interminable. Je ne me souviens pas avoir eu autant froid sur un vélo. En bas heureusement, plus de pluie, ce qui me fait sécher un peu avec le vent de la descente, un peu moins froid qu'en haut.

Je retrouve Samuel après m'être changé et avoir enfilé des affaires sèches. Vive les jambières du GCP pour tenir chaud sous le bermuda. 

Au final, Philippe fait 87e, je fais 102e en 5h24 à 21,2 de moyenne. Compte tenu du profil, du temps et des descentes sur les freins sur des routes détrempées, c'est pas mal. Samuel n'est pas loin derrière, à moins de 10 minutes à la 151e place. On est donc tous les 3 dans le 1er quart du classement. 

Personnellement, je suis super content de cette course et je me suis régalé, malgré le temps... Vraiment content d'avoir fait le déplacement. Après qqs sorties sans jambes dans la canicule gardoise qui m'avaient laissé dans l'expectative quant à ma condition physique, me voila rassuré pour l'étape du Tour, même si en plus de 2 Hors catégorie, il faudra se taper 2 cols de 1ere caté  enchainés et 85 km de plus...

@+ pour de nouvelles aventures,

Olivier B.

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