vendredi 3 août 2012

La Pierre Jacques en Barretous - récit par Samuel


Levé aux Aurores, je prends la direction d'Aramits pour me rendre sur la ligne de départ de la Pierre-Jacques en Barétous; et encore une fois en ce mois de Juillet, Monsieur Soleil est aux abonnés absents, plafond nuageux bas, pluie fine accompagné d'un petit vent frais. Ma première participation à cette cyclosportive ne s'engage pas sous les meilleures hospices, je suis d'ailleurs quelque peu inquiet par rapport à ces conditions climatiques délicates en ce matin du 28 juillet; en rappel à mes problèmes gastriques survenus 15 jours plus tôt dans le Tourmalet sur l'Etape du Tour ou j'étais à deux doigts d'abandonner si mon ange gardien Eric ne m'avait pas soutenu et aidé à remonter sur mon biclou pour terminer cette épreuve mythique, je le remercie encore. 

Bref aujourd'hui est un autre jour, et l'avenir me dira que la météo annoncée n'influencera au final que très peu de ma performance du jour, mais les jambes elles feront défaut...
Le profil du parcours pour lequel j'ai opté (La Barétous-Roncal, 124 kilomètres, 2700 mètres de dénivelé) est assez copieux, avec pour entréel'ascension du col de la Pierre Saint Martin (19 kilomètres depuis La Mouline), comme plat de résistance, l'Alto Lazar (11 kilomètres depuis Isaba), le dessert avec le Port de Larrau (10 kilomètres depuis l'embranchement avec la route de l'Alto Lazar) et enfin terminer par un digestif avec la Côte de Montory (3 kilomètres).  

Sur le trajet je reconnais et suit le taxi de Raymond qui rejoint comme moi le lieu de départ de la cyclosportive. Nous retirons nos dossards et nos maillots souvenir, un petit café,  préparons nos montures avant de procéder à un petit échauffement et prendre place dans le sas pour un départ programmé à 8h30. Seulement  je perds de vue Raymond lors d'un échauffement prolongé de ma part alors que mon compagnon de club avait déjà intégré le sas dans les premières places; nous nous retrouverons ainsi seulement à la fin de la course pour le débrief.

8h30, le départ fictif est donné, quelques kilomètres pour faire tourner les jambes avant le départ réel à Arette, devant la boutique de cycles d'un sponsor de l'épreuver. PAN! Faux départ, le pneu d'un malheureux coureur vient d'éclater juste derrière moi, ce qui fait sursauter tout le monde. Quelques instants plus tard, nous voici partis pour de bon, les premiers kilomètres sont favorables pour se replacer et rester au chaud avant l'ascension de La Pierre Saint Martin. Un gros peloton se forme en tête de course, moi je navigue tranquillement derrière dans un petit groupe en attendant les premières rampes très difficiles qui détermineront la forme du moment pour chacun des coureurs. Une pluie fine fait son apparition dès l'entame du col certainement pour décourager les ardeurs des plus aguerris d'entre nous!
 Cette ascension est très ardue, des passages à plus de 15%, quelques morceaux de replat pour récupérer et aussitôt on se retrouve dans le dur, et cela pendant une dizaine de kilomètres avec des pourcentages moyens avoisinant les 9-10%. Je décide donc de faire le début de la montée à un rythme modéré jusqu'au plateau de Chousse, et pourtant peu de concurrents me dépassent, au contraire je remonte progressivement des grappes de coureurs.
Après le plateau, où la pluie a laissé place à la brume, j'accélère "légèrement" la cadence et me cale dans les roues d'un coureur du club de Thèze qui finira par exploser peu avant le col de Labays. A ce moment un coureur que je viens de redoubler, m'interpelle en reconnaissant les couleurs du GCP (facilement identifiables même dans le brouillard à couper au couteau dans lequel je progresse). Avec Christophe, un compagnon d'entraînement de notre Patrick si  j'ai bien compris, nous continuons notre ascension tout en conversant jusqu'au ravito situé à quelques encablures du sommet de la Pierre Saint Martin. 
Après avoir repris des forces et enfiler un coupe-vent, j'entame la descente qui en temps normal ne présente aucune difficulté particulière, agrémentée d'une vue splendide sur la Vallée de Roncal mais aujourd'hui le Bon Dieu en a décidé autrement. La visibilité y est quasiment nulle, on n'y voit pas à 10 mètres.  Et pour faciliter les choses, suite aux violents orages de la veille, la route est parsemée de petits débris, cailloux et autres coulées de boues qui donne l'impression d'avoir été placés dans les endroits les plus insidieux pour nous pousser au tapis. D'ailleurs, il ne faudra pas attendre longtemps pour me faire une grosse frayeur (il y a en eu plusieurs durant la course en ce qui concerne!!) et ainsi devoir improviser une figure artistique (vélo en travers) pour ne pas finir dans les choux...
La vigilance est de mise, campé sur les freins, j'essaie de sonder  ce brouillard opaque du mieux que je peux pour prendre les meilleurs trajectoires possibles, et je dépasse quelques concurrents quasiment à l'arrêt, dont Christophe que je salue en passant. Mes qualités de descendeur ne tarderont pas à s'exprimer quelques kilomètres plus bas quand le brouillard se désagrégera progressivement pour laisser place nette au Soleil!! Encore une fois, le versant espagnol ne faillit pas à sa réputation et la lumière inonde cette magnifique vallée où il fait bon pédaler. Je profite de ces conditions plus clémentes pour faire la descente à fond (80 km/h au compteur) malgré une route jonchée de saletés (pierres, boues) par endroit et  reprend au passages plusieurs échappées dans le long faux plat descendant à Isaba. Un petit groupe de 5 coureurs se forme ou chacun prend des relais assez appuyés malgré une mésentente au début. Nous avançons bon train, et la vallée défile rapidement. Un coureur fait le yoyo derrière nous s'en jamais arriver à accrocher nos roues. il lui faudra attendre la seconde ascension pour intégrer notre groupe.
Nous voici maintenant dans le faux plat montant de l'Alto Lazar, seconde difficulté du jour.  Les pourcentages ne sont pas très importants au pied de cette ascension, et nous progressons rapidement dans des gorges où la température progresse rapidement, il fait même chaud maintenant! A la faveur d'un ravito notre groupe s'est renforcé pour se composer d'une dizaine de coureurs, j'en profite pour retrouver un compagnon d'échappée rencontré à la Béarn Cycl'Espoir de juin dernier et faire connaissance avec un breton de Perros-Guerrec ou nous bavardons en autre sur l'épreuve cyclosportive par équipes des 24 heures du Mans vélo, (épreuve à laquelle j'aimerai bien participer avec d'autres membres du GCP dans des temps prochains, à bon entendeur!!). La partie finale de l'Alto est un peu plus compliquée, la route s'élève brusquement au détour d'un virage sur quelques kilomètres et certains membres du groupe finiront par être décramponner irrémédiablement. Moi je reste tranquillement dans les roues, même si la fatigue commence à se faire sentir avec une sensation désagréable d'être collé à la route. Ensuite vient une descente rapide et sinueuse avant d'aborder le dessert du jour, le Port de Larrau. Je profite une nouvelle fois de la descente pour prendre un peu d'avance sur mon petit groupe.
Virage à droite, et PING! nous voici maintenant dans les 10 derniers kilomètres du Larrau, dans son versant espagnol, sur le papier plus roulant que le côté français, mais après l'ascension de la Pierre Saint Martin et l'Alto Lazar, la fatigue aidant, on ne s'appesantit plus sur les pourcentages rencontrés, ça grimpe tout simplement!! Je n'ai aucun point de repère dans cette ascension que je ne connais pas, tout juste un kilométrage approximatif. Le soleil et la chaleur sont toujours au rendez-vous mais on aperçoit déjà que la montagne est toujours coiffée de sa dentelle de nuages et de brume. Au fur de la montée, le groupe se décompose et nous perdons des éléments par l'arrière, ainsi que des degrés. Je reste dans la roue d'un gars du FC Oloron, un local de l'étape, les jambes sont 'encore' au rendez-vous. A 2 kilomètres du sommet, j'accélère le rythme et laisse mon comparse essayer de s'accrocher à ma roue mais hélas sans succès pour lui. Je reviens progressivement sur deux compagnons du groupe partis en éclaireur sans avoir pu faire d'écarts significatifs, je les dépose un à un, je dois l'avouer c'est assez grisant. J'aperçois deux autres coureurs aux maillots verts un peu plus haut dans le Port (éco cyclo) je fais le forcing pour essayer de les reprendre mais je n'y arrive pas.

Au sommet du port, le brouillard à fait son retour et les 10°C qui vont avec, un brouillard toujours aussi dense, un bénévole m'avertit de faire très attention dans la descente. En temps normal, le toboggan de Larrau est dangereux alors je vous laisse imaginer ce qu'il en est quand on ne voit pas à 10 mètres et que la route est humide. Virages en dévers, prise de vitesse, chaussée déformée et glissante par endroit, freins qui répondent difficilement et roue arrière qui chasse plusieurs fois. Bref c'est pas une partie de plaisir, loin de là.  Encore une grosse frayeur dans un virage en épingle où  je dois déchausser pour ne pas partir dans le décor. 
Je prend le temps de m'arrêter quelques instants au ravitaillement de Larrau pour remplir un bidon et me voilà reparti dans le long faux plat descendant direction Tardets en compagnie d'un autre coureur avec un maillot de la BMC qui fait la descente à bloc. Nous nous relayons bien avec "Cadel" (une certaine ressemblance sur le vélo ma foi), pour reprendre un coureur de l'Avenir Bizanos au pied de la côté de Montory, dernière difficulté de la journée.
Ici tout se joue au mental pour ne pas être décrocher par mes deux comparses, les jambes ne répondent plus, ankylosées et le souffle est court. Cette dernière montée est un vrai supplice, la fatigue est là et je coince... Passé la difficulté, je profite du faux-plat descendant pour récupérer un peu dans les roues, je passe un relais mais je reste bien au chaud derrière pour faire le sprint. Je ne connais pas très bien le parcours final et à 800 mètres de l'arrivée, le coureur de l'Avenir accélère brutalement, effet de surprise garanti,  'Cadel' fait le nécessaire en nous ramenant dans sa roue, mais une voiture vient me tasser et je ne n'arrive pas à revenir sur le coureur de l'Avenir.

Contrôle d'arrivée, petit ravito, je retrouve Raymond qui est déjà arrivé et douché. Nous partageons le repas ensemble avant de regagner nos pénates respectives en milieu d'après-midi, juste à temps pour voir la victoire de Vinokourov aux JO de Londres.

Au final, Raymond fait 50e en 4h48, moi je finis 75e 11 minutes après lui en 4h59. Je suis assez satisfait de ma course, même si je manquais de fraîcheur sur la fin, quelques jours  sans toucher au vélo seront nécessaires pour recharger les batteries avant les prochaines échéances. Mais il faut noter que l'organisation de cette cyclo est top, des bénévoles sympas,  une bonne ambiance générale, des ravitos garnis et surtout un vrai repas à l'arrivée (cf EDT), je pense revenir sur cette épreuve dans les prochaines années.

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