lundi 8 septembre 2014

Avant l’étape du Tour 2014 Pau-Hautacam, épisode 1 : ou comment replonger dans le passé à la veille de courir, par Olivier B.

Et voilà c’est reparti pour un tour et une 4e participation à l’étape du tour après les éditions 2010, 2011 et 2012. 

Cette année encore le départ est donné de Pau pour une réédition de l’étape de 2008 qui sera semblable jusque dans les conditions météos avec de nouveau la pluie, encore la pluie et toujours la pluie prévue pour toute la journée. 

Dire qu’à cette époque j’avais croisé des grappes de cyclistes se préparant à se mettre en route depuis le palais des sports, alors que je rentrais du mariage de Benjamin, notre président bien aimé… et à ce moment je n’étais franchement pas en état de faire 150 bornes de vélo, même pas 100, ni 15 d’ailleurs. D'ailleurs le GCP n'existait pas encore, ou alors juste dans la tête de son futur président et je n'avais jamais roulé plus de 90 km sur un vélo.

Ce petit clin d’oeil du destin m’a donné envie, à la veille de courir cette étape, de revenir un peu en arrière pour raconter ma modeste histoire de cycliste et de sportif du dimanche. En effet, si elle est très liée à celle de Benjamin, avec qui j’usais (moins longtemps que lui quand même ;-) les bancs de l’université de Pau, ainsi qu’à celle du GCP, club qu’il a créé en novembre 2008, cette histoire commence en réalité bien avant ce dimanche gris, pluvieux et vaseux de lendemain de fête maritale : la voici. 

Enfant, on ne peut pas dire que j’ai été un grand sportif, au désespoir de mes parents qui m’ont vu cueillir des fleurs sur le pré d’Uzos pendant ma (courte) période football, essayer l’équitation sans conviction, pratiquer le tennis plus assidûment contre le mur de la maison familiale en me prenant pour Mc-Enroe qu’au Tennis club de la Vallée, ou adorer le vélo plus en spectateur qu’en pratiquant. Il n’y a guère qu’au ski où je me trouvais assez à l’aise (c’est plus facile, il n'y suffit de se laisser glisser !) malgré des débuts difficiles, mais au prix d’une persévérance remarquable de mon père et d’une ribambelle de moniteurs de la section paloise. 

Mais c’est vrai qu’en étant palois, il est difficile de ne pas s’intéresser au vélo : il est très rare qu’une édition du tour de France n’y fasse pas étape. C’est ainsi que je me souviens être allé, peut-être à la fin des années 70, voir le passage des coureurs dans la côte de Piétat que nous grimperons dimanche. Je me souviens également avoir assisté aux derniers hectomètres de nombreuses étapes depuis la fenêtre ou sur le pas de la porte de l’appartement de la tribu Bourda, situé rue de Liège, au pied de la place de Verdun qui sera notre lieu de départ dimanche. Que cette place voit systématiquement l’arrivée ou le départ, voire les deux, de ce troupeau bruyant et multicolore ne manque non plus pas de sel quand on sait que celle-ci, aujourd’hui vaste parking était la propriété des bergers de la vallée d’Ossau qui s’en servaient de pacage pour les brebis et de lieu de repos entre les landes d’hiver et les prairies de montagne l’été… 

Ainsi tout jeune, je vibrais aux exploits de Bernard Thévenet dont je refaisais les courses avec mes petits cyclistes (de plomb ? de plastique ?) dans le sable des plages Royannaises où la famille prenait ses quartiers d’été à l’époque. Puis au début des années 80, comme tout le monde je devins un inconditionnel de Bernard Hinault et des « Renault-Gitane » dont j’arborai fièrement le serre tête en tissu éponge jaune à bandes noires et blanches… toute une époque ! Je me souviens très clairement d’avoir vu le « blaireau » et son magnifique vélo Gitane bleu azur frappé du numéro 1 plusieurs fois à l’arrivée, dont une fois sur un contre la montre, qui arrivait aussi place de Verdun. 

C’est sûrement devant mon enthousiasme juvénile aux exploits de tous ces géants de la route que mon père se décida un beau jour de m’acheter un vélo de course. A moins que ce ne soit devant les courses endiablées quand j’essayais de rivaliser avec Stéphane, mon plus proche voisin, dans le tour chronométré du lotissement du Bédat à Narcastet… Mon père ayant lui même été cycliste amateur dans sa jeunesse a du se dire qu’enfin il pouvait faire de moi un sportif ! En effet, combien de fois ai-je entendu ses histoires de duels fratricides dans l’Aubisque, de démarrage assassin, de saut de chaine, inventé selon certains, de montée chronométrée du Somport qu’il avait emporté dans sa catégorie ? Et je ne parle pas des braquets qu’il utilisait à l’époque et qu’il ne manque pas une occasion de me rappeler… Tiens pas plus tard qu’hier lors de notre sortie de reconnaissance de l’étape du tour on a de nouveau parlé de ce fameux 46x20 sur lequel il escaladait le col d’Aubisque ! Les spécialistes apprécieront. 

Du coup, il décide lui aussi de s’acheter une bicyclette neuve. Et nous voici donc tous les deux (un jour de 1982 ? 1983 ?) sortant de chez Gibanel, qui était encore installé à l’époque à la rue du 14 juillet, avec deux vélos Gitane flambant neufs, un rouge vif pailleté avec marquage jaune pour moi, un gris pour lui : cadre en acier à raccord, triple plateau, cale-pieds à lanière de cuir et levier de vitesses au cadre, dont il a fallu qu’il commence à m’apprendre le maniement… pas une mince affaire. Aucune idée à posteriori des braquets, mais je me souviens que j’avais 18 vitesses (!) ce qui ne veut rien dire en soit, mais pour le gamin que j’étais c’était un truc de malade ! 

Paradoxalement j’ai peu de souvenirs de sorties en duos, sauf une à Lourdes qui m’avait parue interminable et une autre plus tard au col de Marie-Blanque. Peut-être avait-il senti que mes prédispositions pour la bicyclette étaient bien meilleures en tant que spectateur que pédaleur ? C’est en tous cas au cours de ces sorties que j’ai appris les subtilités du train, du pédalage assis et en danseuse, du serrage des cale-pieds, des relais, de l’abri, et des braquets. 

Par contre je me souviens très bien d’innombrables sorties que je faisais tout seul en partant de la maison familiale de Narcastet, quand dans les côtes de Baliros, d’Artigueloutan ou de Pietat je me prenais pour Fignon, mon nouveau héros, qui inlassablement déposait le reste d’un peloton imaginaire dans des attaques fulgurantes ! Et il y a aussi toutes ces fois où je partais vers Pau, en short de tennis, maillot de vélo en laine rouge qui gratte et serre-tête Renault-Gitane ( !) traversant Rontignon, Uzos, Mazères et Gelos à toute allure en me chronométrant avec ma montre à cristaux liquides, qui comme par enchantement me permettait d’améliorer mon chrono à chaque sortie… Si je me souviens bien, je mettais 10 minutes et des brouettes du panneau de sortie de Narcastet à celui de l’entrée de Pau, ou de Gelos. Et je faisais la même chose en tournant sur le circuit auto de Pau que je bouclais en 5 ou 6 minutes… Strava et Garmin n’ont rien inventé finalement ! 

Mais cette 1ere période vélo n’a pas duré trop longtemps, et comme un symbole, je me suis fait voler mon fier destrier rouge au milieu de ces années 80 alors que j’avais déménagé au centre de Pau. 

Durant mes années collège et lycée, j’ai été pris (modérément, il ne faut rien exagérer !) par le virus du Handball que je pratiquais en UNSS tous les mercredis. Ces compétitions me voyaient rejouer régulièrement l’affrontement familial de mon père avec mes oncles, quand avec mon équipe du collège Margueritte de Navarre nous rencontrions les frères ennemis du collège de Billère dans laquelle jouait mon cousin Eric et qui nous mettait une raclée avec une régularité de métronome. 

Ces mêmes années ont aussi été celles de belles randonnées en Montagne avec mon père, qui avec ma soeur et moi se faisait un revival de ses années de jeunesse montagnarde où il était capable de grimper l’Ossau et le Lurien dans la même journée… En tous cas je garde des souvenirs inoubliables de l’ascension du Pic du Midi d’Ossau (le seul, le vrai, pour les lecteurs de Bigorre !), où nous nous encordions dans les cheminées verticales. Souvenirs impérissables aussi de cet aérien passage d’Orteig, de ce bivouac dans le brouillard à l’abri Michaud situé au pied de la Grande Diagonale, voie aérienne menant au sommet du Balaïtous, mon 1er 3000 atteint par un matin froid et par grand vent. Mais quel spectacle !

Puis à la fin du lycée je me suis mis à faire un sport atypique dans nos contrées, le baseball auquel j’ai consacré une petite dizaine d’années. Le rythme de ce sport très particulier était sûrement plus en accord avec mes activités estudiantines alcoolisées du jeudi soir au BP ou au Matis que le Vélo ! Malgré tout, je continuais à suivre les exploits des géants du tour dont Fignon et Lemond… Ah le tour 1989 et les fameuses 8 secondes séparant ces deux (derniers) représentants d’un vélo à l’ancienne certes, mais tellement romantique !

Mes années lycées furent au moins celles de la pratique du vélo… pour aller au lycée. Pendant que mes copains arrivaient au bahut fièrement sur leurs 103 kitée Polini, ou leur scooter Peugeot rutilants, moi je me faisais un critérium bi-quotidien en même temps que les mollets, sur le vélo de mon père à travers la ville, brulant les feux, slalomant dans les bouchons, cramant les voitures au démarrage. Je ne devais pas arriver sans avoir un peu transpiré… peut-être que c’est cela qui n’attirait pas les (quelques) filles de ma classe, ou alors mon côté nounouille et peu dégourdi avec la gent féminine… bref, je m’égare. 

Ah si, il y a eu une (légère) rechute en 1993. Pourquoi cette année là ? Difficile à dire, mais toujours est-il que je me suis mis à refaire quelques sorties avec mon cousin François qui venait d’avoir un beau vélo tout neuf. Pour ma part j’avais récupéré la bicyclette grise de mon père. Je crois que nous nous étions mis en tête de monter le col de Marie-Blanque après quelques sorties d’entrainement sur les coteaux de Jurançon. Mon père nous a accompagné dans l’ascension, sur le vélo de son frère Bernard qui n’était pas au meilleur de sa forme, le vélo pas son frère Bernard qui lui va très bien, merci ! Il me semble qu’avec François nous avions pris les devants dans les 1eres pentes, profitant lâchement du clou sur lequel s’échinait mon père dans ces rampes raides. Evidemment nous n’avons pas arrêté de nous attaquer l’un l’autre, mais à ce petit jeu nous nous sommes vite émoussés et avec mon cousin, on a eu un peu de mal à terminer l’ascension. C’est au moral et avec le secours de mon père, revenu au train et à l’expérience après la chapelle du Houndas que nous avions atteint le sommet. 

Pris de nouveau par le virus du vélo, nous étions aussi allés voir cette année là le passage du tour au col du Soulor, où nous avions vu passer dans l’échappée de tête, le flamboyant Claudio Chiappucci dans son maillot à pois et cuissard « façon jean » de l’équipe Carrera, dans une étape Tarbes-Pau qu’il allait remporter. Mais c’était bien Indurain roi des dopés (avant les Riis, Ulrich, Armstrong, Virenque…) qui allait emporter le 3e de ces 5 tours cette année-là.

De façon assez amusante, c’est aussi cette même année, il y a donc 21 ans ( !) qu’à eu lieu la toute première Etape du tour amateur, sur ce même parcours entre Tarbes et Pau qui empruntait l’Aspin, le Tourmalet, le Soulor et (un petit bout de) l’Aubisque. Je me souviens être allé les voir arriver place de Verdun tous ces types (dont Gérard Holtz et Alain Prost) qui à l’époque me paraissaient complètement surhumains ! Je crois qu’ils étaient 1500 et ce nombre faisait les gros titres des journaux locaux comme quelque chose d’incroyable… Dimanche nous serons 13 000. Vous avez dit massification de la pratique sportive ? 

Après ce bref retour au vélo, aussi vite terminé qu’il avait commencé, je me suis éloigné de la petite reine pendant un bon moment ! Pris par le virus du baseball et du basket que je pratiquais assidûment sur les playgrounds à l’ombre du palais des sports de Pau-Orthez au lieu de bosser à la fac (ainsi que le tarot et le jeu de Mus que m’enseignait le lobby basque… mais je m’égare encore). 

Toujours skieur assidu et émérite ( ?!), les dimanches hivernaux étaient autant de prétextes à se tirer la bourre en famille avec mon père et ma soeur sur les pentes de Gourette, d’Artouste ou de Luz-Ardiden. Qu’importe la pente pourvu qu’il y en ait une en bas de laquelle il était impératif d’arriver le 1er sans tomber. Car lors de la descente vers Pau, la R5 TS paternelle était le lieu de débriefing où étaient comptabilisées les arrivées en tête et les chutes de la journée, entre clémentines, saucisson, biscuits Bastogne et camembert coulant. 

D’ailleurs, chez nous tout était prétexte à faire la course, y compris l’ascension des deux étages de l’appartement de la rue de Liège par l’escalier historique. Un petit jeu d’intox et d’habileté où il fallait être le plus prompt à démarrer tout en se jetant à la corde… un peu comme des pistards quoi ! 

Mais le vélo a été remisé par devers moi… Tel l’évêque Rémi au baptême de Clovis je me suis même mis à bruler ce que j’ai adoré : je ne manquais pas une occasion de dire mon mépris des cyclistes, de leurs tenues fluos, de leurs moule burnes et de leur fâcheuse tendance à rouler en peloton et à encombrer la route dès les beaux jours venus.

Devenant plus sérieux ( !) en grandissant, et en suivant l’exemple paternel, je me suis mis à pratiquer le footing. Il est vrai que je m’étais rendu compte que courir régulièrement était une meilleure préparation physique pour les longs marathons baseballistiques du dimanche que de faire la course des leveurs de coude le jeudi soir, le samedi soir… et parfois le vendredi soir aussi ! Comme par miracle cela a coïncidé avec une phase plus sérieuse ( !) dans mes études, disons entre la maitrise et la préparation au capes, avec un intermède service militaire au milieu. Mes parents ont pu se dire (enfin !) que là aussi ils tenaient le bon bout ! 

Habitant au centre de Pau, je me faisais un petit parcours d’une douzaine de kilomètres entre parc Beaumont, Bd des Pyrénées, Basse Plante, Parc du château, golf de Billère et retour que je m’efforçais d’avaler toujours plus vite. Entre ces séances je travaillais mes fessiers ( !) en allant à la fac en rollers après que ma soeur, bien plus téméraire que moi, m’ait initié à cet art subtil qui a été une grande mode du milieu des années 90. En courant régulièrement, je me préparai aussi à un petit challenge personnel : la montée de l’Aubisque depuis Laruns que j’ai couru en 1999 dans un temps de 2H20 après en avoir bavé énormément, surtout dans la partie après Gourette où l’on croit être arrivé, mais qui sont en fait, comme à vélo, les 4kms les plus difficiles de l’ascension. 

Là aussi une petite rechute vélo par l’intermédiaire du mountain bike comme on disait à l’époque, que je me suis mis à pratiquer très modestement, pour aller aux entrainements de baseball, puis avec Benjamin avec qui nous avons fait quelques sorties dont un bel aller-retour Pau-Lourdes par le chemin Henri IV : ça fait bien 70 ou 75 km aller-retour quand même, mais par des chemins bien larges, donc très éloignés des monotraces qu’affectionnent les mordus de VTT, mais qui personnellement me conviennent parfaitement ! Je crois même que nous avons fait une rando vtt tous les deux lors des fêtes de Bordères, par un temps exécrable et un terrain boueux… Mais je suis incapable de dire quand c’était exactement.

Puis vint ma période parisienne, une année de hand-ball à Lisle-Adam, du basket en loisir dans la foulée de Raf mon coach personnel dans ce domaine, un peu de squash avec le même Raf qui me mettait de drôles de raclées avec beaucoup d’application. Mais je prenais ma revanche lors de nos séances de footings qui se terminaient invariablement par des sprints endiablés où chacun essayait de lâcher l’autre. Ces années parisiennes ont été aussi celles des rando-raids où l’on enchainait course d’orientation, VTT et canoé. Lors de notre 2eme participation il me semble que nous avions fait un classement très honorable après avoir couru près de 30 km, pédalé autant et remonté puis descendu la Seine en canoé autour de l’Ile Seguin… chute interdite si on ne veut pas avoir des pustules sur tous le corps !

Lors de cette époque parisienne, si je suis resté très éloigné du vélo, j’ai continué à courir régulièrement, usant de nombreuses paires de chaussures et participant à un Paris-Versailles que je pensais naïvement tout plat… Un été (2002 ?) j’ai même tenté une traversée des Pyrénées par la HRP avec mon beau-frère Franck qui l’avait déjà tentée l’année précédente. Partis d’Hendaye, nous sous sommes malheureusement arrêtés à Gavarnie terrassés par le mauvais temps, la pluie et le froid. Reparti en solo quelques jours plus tard, je suis rentré piteusement au bout de 3 jours… Mais cet été là fut aussi celui d’une petite randonnée avec une bande de furieux sur le toit des Pyrénées : le pic D’Aneto. Partis du refuge de la Rencluse à la frontale vers 4h du matin avec soeur, beau frère et un étrange spécimen croisé de rugbyman et d’isard, l’aube sur le glacier sommital fut un moment inoubliable, tout comme le passage du « Pas de Mahomet » sur une arête vertigineuse tout proche du sommet.

Entretemps, l’IUFM, un marché palois et mamie Nénette furent les témoins d’une rencontre qui allait changer ma vie. La biterroise n’avait pas l’oeil noir, mais cela ne la rendit pas moins  irrésistible… malgré son manque d’entrain à courir, s’orienter sur les autoroutes de la région parisienne (et d’ailleurs), dévaler les pentes enneigées ou enfourcher une petite reine. Mais comme on dit, le coeur a ses raisons que la raison ignore ! Il est vrai cependant que pour ce qui est de nager, la belle s’y entend à merveille et telle une naïade, fend l’onde sans effort à des allures insoupçonnées et inégalables pour moi. Une piscine chelloise se souvient encore de mon dépit ! Il paraît qu’une certaine Chacha serait à l’origine de cette vocation aquatique. Après quelques tergiversations de la belle, une année de séparation parisienne, et une révélation dans le couloir d’un train corail, nous voici convolant lors des premiers jours de la canicule de 2003. Ne faisant pas les choses à moitié, cette année-là est aussi celle de la mutation vers le Sud.

De retour dans le sud, mais le sud-est cette fois, celui où il ne fait pas 18°C et gris au mois de juillet, j’ai continué à courir sur ma lancée, participant aux traces de Deaux et planifiant de courir le trail de Portes (32 km entre Alès et le château de Portes), les 4000 marches (ascension du mont Aigoual depuis Valleraugue) ou le mythique semi Marvejols-Mende… mais c’était sans compter sur la blessure. Douleur au genou, médecin, IRM(merci Caro) et diagnostic d’une usure prématurée du cartilage rotulien… fini pour la course à pied ! Le temps de digérer cela, deux enfants et quelques kilos en plus, il était temps de se remettre à faire du sport. Selon les diverses autorités consultées, il ne me restait plus que la natation et le vélo, celui de route car le VTT avec les chocs est beaucoup plus traumatisant pour les articulations. N’ayant pas l’âme d’un poisson rouge à tourner en rond dans un bocal, et après avoir consulté mon cousin David qui venait de se faire une cure d’amaigrissement vélocylocipédique spectaculaire, je me suis décidé à retourner à cet « amour» (tout est relatif si vous avez lu ce qui précède) de jeunesse à deux roues. 

Et un beau jour de 2006 me voilà ressortant d’un vélociste alésien flanqué d’un magnifique destrier rouge, comme celui de mon adolescence, un signe ! Ayant pris peur devant les prix des vélos neufs, et peu sûr de la régularité avec laquelle j’allais pratiquer « la petite reine », j’avais jeté mon dévolu sur ce Lapierre Tech 5 Alu équipé en Shimano 105 et roues Mavic, même si tout cela sonnait pour moi comme du chinois à l’époque. 

Les premières sorties furent très modestes dans la campagne alésienne, pas plus de 20 à 30 km. J’étais fier de m’approcher puis de dépasser les 20 km/h de moyenne et les petites côtes autour de la maison me paraissaient aussi dures que le Tourmalet. Cet été là fut celui de mon premier col, celui du Soulor par Ferrières avec Benjamin qui pour l’occasion avait ressorti son magnifique Maxisport en alu poli, mais dont les développements lui donnèrent bien du souci à l’heure de franchir les pentes sévères de ce col champêtre et magnifique, alors que je moulinais trop facilement sur mon petit « mummy ring » comme disent les anglais, ou plateau de grand-mère pour les moins anglophiles.

Auréolé de ce premier col, retour à Alès pour rouler dans un petit groupe de mon vélociste un dimanche matin… une belle leçon d’humilité : asphyxié dans la croix des vents, largué dans la Baraque, caramélisé dans le Pendédis, essoré dans la Bégude et à l’agonie dans la montée vers Portes, je découvre quand même les joies de l’aspiration lors d’un retour à grande vitesse vers Alès. Je passe l’essentiel du temps dans les roues, avant que dans un concours de circonstances je me retrouve en 2e position… mais incapable de suivre la roue de celui de devant et poussé au cul par celui de derrière !

Les années passent, les enfants grandissent et je continue ma cure d'amaigrissement à force de pédaler de plus en plus régulièrement et de plus en plus longtemps. Participation à une 1ere cyclo en septembre 2007, la Midi-Libre Cyclaigoual autour du Vigan, me voilà lancé dans le « grand bain » ! 

L'été 2008 est cependant une petite éclipse dans cette ascension vers le nirvana cycliste. Ma chère et tendre n'étant pas adepte du 2 roues, je la convainc, non sans quelques doutes, à partir pour une randonnée d'une semaine sur les traces de Stevenson entre Langogne et Florac. Le sac est lourd mais le moral est au plus haut. Les paysages sont somptueux (Ah le mont Lozère au coucher du soleil !) et l'expérience est concluante malgré le poids du sac, l'inconfort de la tente, les repas à base de bouillon et de bolinos et l'arrêt inopiné dans un champ prêté par un paysan pour le bivouac.

Entretemps, Benjamin a lui aussi repris l’entrainement de façon régulière. Il s’est fait des nouveaux amis cyclistes, dont un géant normand aussi puissant que peu bavard et un petit italien tout sec, excellent grimpeur quand son groupe campa ne lui joue pas des tours… "ma che mierda cuesta machina !"

En cette année 2008, Benjamin a décidé de se lancer un double défi : se marier et créer un club cycliste la même année... l'inconscient qu’il est ! Tout le monde sait pourtant que le vélo n’est pas franchement compatible avec la vie de couple : entre le temps pris par l’entrainement, la fatigue accumulée et la compression longue durée des parties utiles à l’épanouissement de sa concubine, c’est un sacré défi ! Le moins que l’on puisse dire est que s’il met du temps à se jeter à l’eau, quand il est décidé le Président se lance à corps perdu dans ses entreprises ! 


Mais ceci est une autre histoire qui vous sera contée dans l’épisode 2… 




2 commentaires:

claire a dit…

Cycliste parisien, je venais faire un petit tour sur ce site afin de prendre quelques informations ...
Suite aux conseils d'un adherent de votre club qui a participé à la baretous roncal ...(dossard 436 ) stationné à cotė de mon véhicule.
Et me voilà aspirė par cette belle aventure ...vivement donc...ce tome 2 !

GCP a dit…

Merci pour votre commentaire qui va conforter l'auteur pour poursuivre son récit.... Vous pourrez également "vivre" l'avant et après "Etape du Tour Edition 2014" via différents autres articles mais aussi, d'autres récits de cyclosportives dans nos archives plus anciennes (tous visibles dans le menu de droite "Archives du blog").

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