dimanche 23 mai 2010

Récit de la Beaume-Drobie, Valgorge (Ardèche)

Me voici un peu reposé de mes efforts d'hier sur la Beaume-Drobie. Plantons le décor : Les monts de l'Ardèche, leurs montagnes verdoyantes, leurs vallées étroites et encaissées au fond desquelles coulent des rivières limpides et fraîches, leurs versants couverts de terrasses plantées de vignes et de châtaigniers, mais aussi leurs petites routes tortueuses, jamais plates, aux revêtements indécis, rugueux et "gravilloneux" sont, cette année, sous un magnifique soleil qui est déjà fort à l'heure tardive (10h) du départ, mais qui vire à la lourdeur du plomb assez vite, ce qui aura son importance pour la suite.

Donc, me voici au départ, avec une petite boule au ventre, car pour moi cette cyclo est un test : par la longueur et le profil : 135km, 4 cols dont une longue rampe de plus de 14km et 2500m de dénivelé, mais aussi psychologiquement : c'est sur le petit parcours que l'an dernier j'avais connu une des pires défaillances de ma (courte) carrière de cycliste du dimanche. Bien décidé à ne pas renouer avec une pareille fringale, je me suis fait un copieux petit-dej à base de pâtes vers 7h et me suis alimenté de pain régulièrement durant le trajet en voiture vers Valgorge et avant le départ.

Départ, cette année dans le groupe des "cadors" du grand parcours avec un dossard 500 (527, ceux du petit parcours ont un petit numéro de 1 à 150) au milieu de 150 concurrents environ (j'ai vu un n°657). Départ donc en descente pour 6km, pas vraiment le temps de se chauffer et beaucoup de vitesse sur des routes incertaines.

Pied du 1er col, je suis déjà dans le dernier tiers du peloton.
J'attaque prudemment cette montée que je ne connais pas et qui est assez régulière dans le 1er km. J'ai bien fait car la suite est, sur 7 km un succession de paliers avec des plats et petites descentes entrecoupées de lacets assez sévères souvent à plus de 10%. Mon départ prudent me permet de monter doucement en puissance et de reprendre qqs gars dans les lacets, un groupe d'une dizaine se forme et je me trouve pas mal, montant tranquillement sur 39*21 ou 23. Sommet et descente dangereuse pour les raisons évoquées plus haut. Nous croisons d'ailleurs un gars qui a chuté et qui est secouru par une voiture de la sécurité civile. Bas de la descente, je suis à la traine du groupe dans lequel je figurais. On repasse sur la ligne de départ et de nouveau 6 km de faux plat descendant dans lequel je fais l'effort pour réintégrer le groupe de 10 et nous roulons de concert jusqu'au pied du col suivant.

Au pied de cette ascension de 6km pour 300m, le groupe éclate, je reste dans les 1ers avec un gars qui était avec moi sous la pluie de la route des Helviens il y a quinze jours. La encore, des pentes peu régulières où alternent faux plats et rampes plus dures entre 7 et 10%, le tout sur une route qui ne rend pas grand chose.
La chaleur commence à se faire sentir, mais je me trouve plutôt en cannes et passe en tête de mon groupe au sommet. La descente m'est encore fatale car je me fais doubler par ceux que j'avais lâché dans la montée, mais vraiment je ne suis pas à l'aise sur ces routes bosselées étroites et par endroit caillouteuses.
Au bas de la descente, nous avons 26km de "plaine", en fait l'essentiel se fait en faux plat car on remonte de 300m. Heureusement j'arrive à réintégrer un groupe qui grossit jusqu'à une douzaine d'unités.

Le passage de plaine est avalé à un bon rythme (entre 30 et 35) et tous les membres du groupe collaborent. A Joyeuse, on remonte la superbe vallée de la Beaume qui nous ramène sur la ligne de départ. Lentement mais surement la pente s'accentue mais nous maintenons un bon rythme, il y a juste un marseillais qui prend ses relais comme un bourricot en accélérant à chaque fois qu'il prend la tête. On se regarde avec les autres en se disant que vraiment y'en a qui ne savent pas rouler en groupe.

Peu avant Valgorge, nous abordons les rampes du col de la Croix de Meyran qui grimpent sur 14 km et plus de 800m. Les pentes ne sont pas franchement raides, avec du 6% le plus souvent, mais ce qui est le plus dur est finalement le soleil qui tape dur. Il faut dire qu'il est midi et demi, que mon compteur affiche 31° et qu'il n'y a pas un coin d'ombre tout le long. J'attaque donc prudemment, le groupe éclate en plusieurs morceaux et je suis plutôt à la fin. Après 2 ou 3 km, je me sens pas mal et je hausse un peu le rythme, sur 39*23 ou 39*21, je monte assez bien entre 15 et 17 km/h, je reprends ainsi 3 des gars qui m'avaient lâché au pied. Dont le marseillais qui souffle comme un boeuf et qui ne tarde pas à décrocher. La chaleur est étouffante et je n'arrive plus à avancer. Mon rythme s'effondre alors que je n'ai pas mal aux jambes, je bois abondamment et je suis loin du maxi au cardio (a visto de naz, je ne suis pas adepte de ce gadget) Bref, la 2e moitié du col est pénible et je commence à gamberger sur ma capacité à faire l'étape du tour, après tout je n'avance plus et on n'a fait que 75km... Ce qui me rassure un peu c'est que le gars qui est avec moi est dans le même état, que nous voyons redescendre des coureurs qui abandonnent et que nous faisons un bout de causette tout en grimpant.

Enfin le sommet, (80e km) après le ravitaillement, mauvaise surprise, le temps se couvre aussitôt et la température a décru de 10° d'un coup dans la descente. L'impression d'être passé du Sahara à la Banquise n'est pas très agréable. Pendant 10 bornes nous restons à flanc de montagne et ça remonte même durant 3km. Bonne surprise, moi qui étais à l'agonie dans la montée, j'encaisse très bien et les jambes tournent encore bien car je lâche sans effort le gars qui m'accompagne. On attaque ensuite la descente, toujours aussi dangereuse pour les raisons déjà évoquées. J'ai les bras endoloris à force d'encaisser les cahots de cette p..... de route. Mon compagnon a pris les devants, mais je le rejoins dès les 1ers km de vallée.

Nous voila dans la vallée de la Drobie pour une vingtaine de km de route qui alterne les portions en descente où invariablement mon compagnon me lâche, et les remontées de 1-2km où invariablement je le rejoins car je suis visiblement plus frais. Nous revenons sur 3 gars et nous roulons ainsi de concert à un bon rythme. La chaleur qui s'était un peu atténuée (l'altitude, qqs nuages, l'air de la descente) est de nouveau étouffante dans cette vallée encaissée sans un souffle d'air et sans ombre non plus. Malgré tout, j'ai l'impression d'avoir retrouvé mes jambes et je suis souvent en tête, en tous cas dans les portions planes ou qui montent, quant aux descentes.... Nous atteignons le 115e km et je m'aperçois que je n'arrive plus à m'alimenter, je jette une barre de grany entière et me rabat sur une dosette en tube. C'est un des problèmes qu'il faut que j'arrive à résoudre pour l'étape du tour, celui de l'alimentation sur les épreuves longues, surtout en cas de grosse chaleur. Bref, le tube avalé, ça va mieux.

Nous attaquons le dernier col, celui où j'avais connu ma grosse fringale l'an passé, 6km dont 3 assez durs, entre 6 et 9% et 3 autres plus faciles à 3-4%. J'attaque assez fort avec un des deux du groupe, nous lâchons les autres et remontons sur d'autres cyclos, dont certains du petit parcours, partis 10min après nous mais qui ont fait 45km de moins. J'ai un peu présumé de mes forces et je suis obligé de ralentir à mi-col. La descente est très prudente, la fatigue et la lassitude sont là après 125 km et plus de 5h de course et fait nouveau pour moi une barre au ventre et une sensation de nausée que je n'avais jamais connu. Je mets ça sur le compte de la chaleur. Au bas de la descente, je me fais reprendre par 5 gars et nous terminons ensemble les 5 derniers km qui sont en faux plat montant. Je me laisse porter dans les roues, mais les jambes tournent encore correctement.

Au final, je suis 104e sur 157 partants (à vérifier) en 5h30 à la moyenne de 24,55 km/h. Je suis assez satisfait compte tenu du parcours, de mon aversion pour les descentes sinueuses, bosselées et caillouteuses. Mais cette cyclo ne manque pas de m'éveiller quelques craintes en cas de grosse chaleur sur l'étape du tour. Vraiment ça change tout. Même si c'était la 1ere chaleur de la saison, que je vais avoir d'autres cyclos longue distance d'ici là pour m'y habituer, ça m'interroge tout de même. L'autre question qui me vient après cette cyclo est celle de l'alimentation sur des épreuves longue distance. Là j'attends les conseils des plus anciens et de ceux qui ont déjà fait l'étape du tour, Alain, Olive, Ben, les autres, que et quand manger avant et durant ce genre d'épreuve ?

Merci d'avoir pris le temps de me lire jusqu'au bout et d'éclairer ma lanterne. A bientôt pour d'autres aventures méridionales.

Olivier

6 commentaires:

Olive a dit…

Salut Olivier,
T'inquiètes pas pour l'étape du tour, avec toutes les bornes que tu fais et les parcours à gros dénivellé, ça devrait aller.
En 2008, j'avais trés exactement 2084km avant de faire l'étape donc tu vois t'es déjà en avance. Pour l'alimentation pendant la "course", rien de spécial pour moi, j'avais des barres de pate d'amande (j'ai dû en manger 2) + des gels mais je n'en ai pas pris de mémoire, ça m'écoeure. Par contre aux ravités j'avais bien mangé : bananes (petits morceaux), oranges, chocolat.
Pour les boissons, prévois des "recharges" parce que finir à l'eau c'est pas terrible et les boissons qu'ils proposent aux ravitos sont dégueux ... enfin moi j'avais pas aimé.

Sinon j'ai commencé à accélérer mon entrainement moi aussi, j'ai fait de belles sorties cette semaine, avec quelques jolis cols du coin (Aubisque, Soulor, Spandelles, Luz-ardiden, Marie-Blanque, Cambasque, Bordères) et deux grosses sorties : 140km (2000m) et 130km (2600m), demain c'est l'Aspin avec le GCP (... suivant la forme je pense redescendre par l'autre versant pour faire la double montée ... mais chut, on verra demain).
Le plus dur dans l'étape c'est l'enchainement des cols, il faut se focaliser la dessus à mon avis ... parce que c'est des cols de plus en plus durs ...

Olivier Bourda a dit…

Je viens de lire le classement : je suis 104e sur 125 classés mais 157 partants. Le 1er met 4h à 32 de moyenne, je mets 5h30 à 24,5 de moyenne, les deux derniers mettent 7h.

Merci pour les conseils, Olive. Je vois que le ne suis pas le seul à rouler, mais je fais moins de grands cols. Quand tu as fait 130 et 140 km, tu étais seul ? Si c'est le cas, chapeau.

Olive a dit…

Et ouai, tout seul !
Les 140km : j'étais parti faire Luz-ardiden depuis Asson, le retour avec vent de face a été trés long et j'étais un peu "las" à la fin
Les 130 km, plus sympa car plus montagneux : Asson-Soulor-Col des Bordères-Cambasque-Asson.

Olivier Bourda a dit…

Par contre Olive, si je me souviens bien l'étape de 2008 n'était pas sous la canicule non ? Tu ne crois pas que cela change pas mal de choses avec la chaleur ?

Olive a dit…

c clair, il pleuvait ce jour là et ça change tout !
Si il fait beau et chaud faudra boire, beaucoup boire, d'où bien gérer ses bidons et prévoir des recharges de boisson.
On verra bien, rien ne dit qu'il fera beau, chaud ou froid ...

Alain a dit…

Salut Bouba,
j'ai toujours autant de plaisir à lire tes passionnants récits. Désolé pour ce qui concerne l'alimentation surtout longue distance, je n'ai pas grand chose à te conseiller. Sinon que de tenter des "trucs"(tester des boissons, des aliments solides etc..)différents de ceux que tu utilises habituellement lorsque tu fais des épreuves longues. Je me posais la même question car le 19 juin je fais la Volcanique. Encore qq jours pour trouver...

L'Equipe.fr Actu Cyclisme