samedi 18 juin 2011

L'Ardéchoise 2011, par Olivier B.

De retour de l'Ardéchoise que j'ai couru aujourd'hui pour la 1ere fois. Tous les cyclistes d'Alès m'avaient dit que c'était une épreuve qu'il fallait au moins avoir fait une fois dans une vie de cycliste. Ils avaient raison

1er constat : c'est vraiment une course à part. D'abord par le nombre de participants, selon le speaker 10 000 aujourd'hui et 15 000 en comptant ceux qui ont fait un des nombreux circuits proposés sur plusieurs jours (le plus grand fait 600 km et 10000m de dénivelé...)
Ensuite car c'est une vraie fête du vélo qui fait se côtoyer tout ce que le cyclisme compte comme spécimen : cela va de l'athlète en pleine forme et suréquipé sur un vélo high tech à 10 000 euros au papi ventripotant sur un vélo acier hors d'âge et tenue du même tonneau, en passant par les tandems, les VTT, les mamies en goguette et les déguisés de tout poil... Et il y a des parcours pour tout le monde : 80 km, 125, 174 (celui que j'ai choisi), 211, 238 et même 278 il me semble... en tous cas pour la journée du samedi.
Enfin, c'est tout un département qui se mobilise pour cette gigantesque parade: chaque village traversé propose un ravitaillement au moins en eau, mais le plus souvent avec pain, pélardon, charcutaille, oranges, et boissons de toute sorte, mais les habitants sont aussi déguisés et font la ola ou jouent de la musique sur le passage de la horde hahannante et bigarée qui passe devant eux.
Bref, une ambiance à part. Du coup, tout le monde est détendue. Ici on sent bien que ce qui compte c'est rouler, admirer, profiter de l'ambiance. Les ravitos sont par exemples très cools, pas comme à l'étape du tour où tout le monde est speed et marche sur le voisin pour être le 1er servi.

2e constat, si le nombre de cols au programme est important, le parcours de 174km, la volcanique, en compte 8 répertoriés, ils sont tous très roulant, la pente moyenne étant toujours comprise entre 3 et 6%, mais c'est leur longueur et l'enchainement de ces montées qui fait la difficulté (3100m de dénivelé tout de même), en même temps que la longueur respectable du parcours.

3e constat: la forme est toujours là. Alors que ma sortie la plus longue n'avait pas excédé 130km cette année, le parcours s'est fait (presque) les doigts dans le nez, malgré un petit coup de moins bien dans les deux derniers cols, j'ai fini la cyclo comme un avion, et je boucle les 174km et 3100m de déniv à la moyenne honorable de 25,7 au compteur et sans les arrêts, en 7h12 (7h26 et 23,6 avec les arrêts) Au total, en comptant les divers aller-retour (j'étais garé à 7km du départ, monde oblige, j'ai parcouru 200km aujourd'hui.

La course en quelques épisodes.

Ce matin, levé à 5h30 à Tain-l'hermitage chez un copain qui m'a hébergé au dernier moment. (Merci pour tout Annabel et Yo) Départ pour St Félicien à6h sous un ciel noir et une pluie battante :-( Après l'inévitable embouteillage, (10 000 participants, ça fait du monde pour un petit village ardéchois) le retrait du dossard et de la puce, vient le moment du départ... 30minutes à patienter avant de pouvoir s'élancer sous la pluie, avec le tonnerre qui gronde. A ce moment je n'en mène pas large, je suis même prêt à couper le parcours et ne faire que le 125km si la pluie ne s'arrête pas.


Les deux premier cols, et leurs descentes se font sous la pluie. Inutile de dire que je ne suis pas rassuré dans les descente sur cette route luisante et ruisselante. Difficile de trouver un rythme, je suis sans cesse en train d'hésiter à enlever le kway ou à le remettre et comme j'ai beaucoup bu avant de partir je n'arrête pas de pisser. Bref, entre mes nombreux arrêts de cette 1ere phase j'arrive à bien monter les 2 1ers cols très roulant, en doublant sans cesse une file ininterrompue de cyclistes.

Au bas de la 2e descente il s'est arrêté de pleuvoir depuis un moment et la route commence à sécher. Au Cheylar, je repars du ravito avec à l'esprit qu'il y a presque 40km de montée pour arriver au sommet du mont Gerbier de Jonc, point culminant du parcours. Je prends un train d'une dizaine de cyclistes au vol et nous montons très rapidement (entre 18 et 30 selon la pente) jusqu'au col de Mezilhac, ou je m'arrête prendre de l'eau. La sensation est grisante de doubler sans cesse du monde, on se prend vite pour un cador.

Après le petit ravito, il reste 15 km jusqu'au Gerbier de Jonc. Je me retrouve seul du groupe, et taille ma route sur un rythme qui reste élevé, toujours sur le 39*21 ou 23. A deux ou trois moments je sens que j'ai des cyclistes qui s'accrochent à ma roue, mais ils n'y restent pas longtemps. Je me sens super bien, d'autant que le soleil fait de timides apparitions et le paysage est grandiose. Sommet, p
as le temps de prendre de l'eau à la source (de la Loire) car le vent souffle fort et rend l'atmosphère du lieu glaciale malgré le soleil. C
omme un vieux briscard je plaque mon journal sur le torse et j'attaque la descente.Et je dois dire que depuis quelques temps, quand la route n'est pas mauvaise, je me prends au jeu de cet exercice si particulier et périlleux.


Partout les villages sont au couleur de l'épreuve (violet et jaune), les habitants souvent déguisés nous font la haie d'honneur, je tape dans les mains de gamins au bord de la route, c'est vraiment une super ambiance.

Au bas de la descente, il reste encore presque 70km et 3 cols à faire. De nouveau, je prends un train de furieux qui avance très vite sur une portion plane de quelques km avant d'attaquer un nouveau faux plat montant qui constitue le pied du 6e col de la journée. Je m'accroche quelques km, mais ça roule vraiment fort, parfois à près de 30 dans une partie légèrement montante et je préfère me remettre sur un rythme plus normal, d'autant que les jambes commencent à se faire lourdes.

Après 10km de montée, une nouvelle descente, très rapide ou je me baisse bien sur mon guidon dans les virages pour baisser le centre de gravité et où je double pas mal de monde. Au bas, on repart immédiatement pour une nouvelle montée de 4km. Le vent des cimes s'est calmé et il fait désormais assez chaud. Petit coup de mou dans cette ascension, les jambes tournent moins bien et j'ai du mal à conserver mon 39*25. Au sommet, je m'arrête au ravito pour manger un peu de salé et j'avale 5 ou 6 quartiers d'orange salvateurs.

Courte descente et c'est parti pour l'ultime montée. Au pied, requinqué par le ravito, j'attaque bille en tête sur un bon rythme cette ascension de 10km, mais à mi col, un nouveau coup de mou, dans une pente un peu plus dure (7-8%) ou je mets le 30*21 pour la 1ere
(et seule)
fois de la journée. Je ne m'affole pas et me concentre sur mon pédalage, alternant les phases assises et en danseuses avec une dent de plus pour se décontracter.

Au sommet, une longue portion de 10 km en léger faux plat descendant me permet de constater que les jambes tournent toujours très bien. J'enroule le 52*19 sur cette portion à plus de 40 à l'heure. On fait un relais avec deux autres gars, mais au bout de qqs km, ils n'arrivent pas à tenir ma roue. Je suis alors rejoins par deux autres types qui on fait un des parcours longs, celui de 238km. L'un d'eux me dit qu'il est en 2e position de ce parcours. Il n'en fallait pas plus pour me galvaniser. Et me voila parti pour un long relais à fond, même un peu trop car par moment, ils n'arrivent pas à tenir ma roue. Pour la forme, je les relaisse passer et je repars à la mine. Au passage nous doublons des grappes et des grappes de cyclistes qui semblent à l'arrêt tellement nous menons grand train, entre 45 et 55 sur cette portion en (très) légère descente entrecoupées de virages à la sortie desquels il faut relancer sans cesse. Et là je me prends pour un cador, mains en bas, cul levé de la selle, relançant à 50 à l'heure et doublant des centaines de cyclistes sur cette route étroite. Vraiment grisant. Nous attaquons la descente proprement dite, là je les laisse devant, prendre un peu plus de risques dans les virages, mais je m'accroche à leurs basques et je me régale ! Et pourtant c'est un vrai numéro de funambule par moment qu'il faut faire pour passer entre les cyclistes (beaucoup) plus lents et le bas côté. Mais je laisse la raison de côté et je savoure. Bas de la descente, un des deux nous a distancés en prenant beaucoup plus de risque encore, et je largue le second à la pédale dans les deux derniers km de faux plat montant qui mènent à l'arrivée. On se retrouve tous les 3 dans l'aire d'arrivée et ils me remercient pour le travail effectué, sympa.

Je ne prends pas le temps d'aller au repas (trop de monde et j'ai 3h de route) et je rejoins la voiture après 7 km et un nouveau petit col !

Retour à Alès sans histoire, la tête pleine de belles images et de super sensations sur le vélo.

Olivier B.


1 commentaire:

Franck Mayordomo a dit…

Bravo Olivier pour ton courage !
J'aurai été volontier à tes cotés pour franchir les cols...
Franck

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