Récit de la Route des Helviens, Barjac (30)

Aujourd'hui, direction Barjac à 35 km d'Alès alors que le ciel est menaçant et la pluie annoncée pour la matinée. Je suis un peu en retard et je tergiverse sur le choix de la tenue : long ? court ? gilet ? K-way... bref, j'ai juste le temps de m'habiller, d'enfourcher mon destrier et de me rendre sur la ligne de départ. Au programme 120km, pas de grosses difficultés mais un parcours fait de multiples bosses et côtes, une bonne douzaine au total dont deux avec de forts pourcentages aux alentours de 15%. A l'arrivée j'ai d'ailleurs été surpris de constater que mon compteur affichait près de 1500m de dénivelé.

Départ en côte et à ma grande surprise je suis facilement dans le paquet pendant ces 2km d'ascension. Au sommet la pluie s'invite, elle ne nous quittera pas pendant tout le parcours. Pour l'heure je n'ai même pas le temps d'enfiler mon k-way, la 1ere descente est déjà là et je n'ai pas envie de laisser le paquet partir. Mais la route est détrempée et je me traîne en queue de peloton jusqu'au bas. Pas de bol, il y a un virage en épingle en bas que je prends quasiment arrêté et ça repart sur la 2e côte, je me retrouve donc largué du paquet... Ce qui me motive pour faire la montée à bloc, environ 3km, qui me permet de dépasser pas mal de monde qui saute et d'intégrer un groupe d'une quinzaine de coureurs avant le sommet.

Je suis avec ce groupe pendant une vingtaine de km, la pluie s'intensifie, mais je n'ai toujours pas le loisir de mettre mon kway et je suis sans cesse en train d'hésiter quant à mes lunettes : avec j'ai de la buée au bout de 30 secondes entre chaque "nettoyage" ce qui fait que je devine plus la route que je ne la vois, sans, je vois beaucoup mieux mais je me ramasse des litres de flotte venant des 3 ou 4 roues qui sont devant moi... cruel dilemme. Au pied du col de la Serre et ses pentes à 13%, il se met à tomber des seaux d'eau, là je m'arrête pour enfiler mon habit de lumière jaune fluo. Le groupe part devant, mais en haut après une belle montée j'en ai récupéré une bonne moitié.

La pluie est toujours là, j'ai l'impression d'être dans un tunnel de lavage, je suis trempé, mais heureusement le parcours bien casse patte maintien au chaud. Ma seule angoisse ce sont les descentes où les freins ne fonctionnent un peu qu'après qqs secondes et la route réellement détrempée. Donc le mot d'ordre c'est anticipation et aucun excès de zèle. D'ailleurs, je passe à côté d'un type qui a chuté et qui est secouru par les pompiers... Toujours est il que mes descentes prudentes m'obligent à pédaler au bas pour rejoindre le groupe.

Petite partie de plat où un relais s'organise pendant une dizaine de kilomètres malgré les conditions dantesques, c'est assez jouissif de se relayer à 40 à l'heure sous des trombes d'eau. Visiblement ça ne l'est pas pour tout le monde, car à une bifurcation du parcours, la moitié de mon groupe file tout droit vers Barjac et abandonne. Je me retrouve avec 3 autres types, on se regarde étonnés en se disant que c'est un peu bête de lâcher à ce moment. De toute façon, mouillé pour mouillé ! En ce qui me concerne, l'idée ne m'a même pas traversé l'esprit. J'avoue même avoir plutôt aimé rouler dans ces conditions. Peut-être que d'avoir les bonnes jambes et de ne pas avoir froid, ça aide.

A nous 4 on se relaie bien et on reprend un groupe juste avant le pied du mont Bouquet et ses terribles pentes. Sauf que cette année, la route a souffert de l'hiver et nous ne montons pas au sommet. Il reste quand même une petite portion à 15% qui fait son petit effet après 90km de course. Ravito au col, taraudé par la hantise de la fringale, je mange plus que de raison et je me retrouve en bas seulement avec deux gars qui ont l'air cramoisi malgré leurs vélos à 3000 ou 4000 euros et leurs jambes épilées. On fait ensemble une dizaine de km où je passe le plus clair du temps devant et me détache au moindre faux plat... dans un long faux plat montant, un groupe d'une dizaine des plus de 50ans nous rattrape (Ils étaient partis 5min après nous), je me glisse avec eux, mes deux collègues ne suivent pas. Je finis dans ce groupe, assurant ma part de travail car je me trouve encore assez frais, et nous finissons groupés à l'arrivée à Barjac, la pluie venant de cesser.

Au bilan, je finis 93e, sur au moins 160 engagés (c'était la liste arrêtée au 6 mai, mais j'ai vu des dossards 200...) je vous en dis plus dès que j'ai le classement.

Donc, 93e, en 4h04 pour 119 km à une moyenne de 29,2. Compte tenu du parcours, de la pluie qui me faisait descendre à un rythme de sénateur, je trouve que c'est pas mal. Ce qui me rassure aussi dans la perspective de l'EDT, c'est que je finis assez frais malgré une course bien rythmée avec beaucoup de relances et peu de moments de récupération. Et finalement j'ai bien aimé la pluie !

Allez, vivement la Beaume-Drobie dans 15 jours, ses 135km et ses 2500m de dénivelé.

Olivier