mardi 20 juillet 2010

Sur les traces de Lapize

Deux cyclos bigourdans ont refait l'étape Luchon-Bayonne du Tour de France 1910 dans des tenues et sur des vélos d'époque. Récit d'une odyssée exceptionnelle.

Deux cyclos bigourdans ont réussi un exploit hors du commun le 12 juin dernier en refaisant l'étape Luchon-Bayonne, comme il y a 100 ans ! Sur des vélos de course de 1910, ils ont parcouru les 326 kilomètres et monté sans mettre pied à terre les six cols (Peyresourde, Aspin, Tourmalet, Soulor, Aubisque et Osquich) à la stupeur des cyclosportifs de la Pyrénéenne, qui les croisèrent dans le Tourmalet, et des Brevetés du Luchon-Bayonne officiel, qui les rejoignirent et les doublèrent du côté d'Argelès-Gazost.
Ecrivain-journaliste, Jean-Paul Rey, 65 ans, chevauchait un vélo de la marque Martel (Tarbes), lourd de 13 kg, avec un développement de 44 dents devant et deux pignons derrière, à tourner suivant le profil : 24 pour les ascensions et 20 pour le reste. Auteur d'un livre relatant pour la première fois par le menu le Luchon-Bayonne de 1910 remporté par Octave Lapize ("L'étape assassine", éditions Cairn, 207 pages et nombreuses illustrations souvent inédites pour 18 euros), c'est lui qui a eu l'idée de "revivre ce qu'avaient connu les 59 rescapés qui prirent le départ de cette étape et qui sont injustement tombés dans l'oubli." Il en fit part à un collectionneur et restaurateur de vieux vélos à Séméac, Marc Lebreton, 45 ans, qui accepta cette folle aventure. Lui roulait sur un Automoto de 12,1 kg, avec un développement unique de 48x24.
Partis à 3h30 du matin, exactement à la même heure et au même endroit que ces héros méconnus, les deux compères ont rallié Bayonne 23h45 plus tard, franchissant à 3h15 le lendemain une ligne d'arrivée tracée sur les lieux mêmes d'il y a 100 ans, à la Boule du Monde (plateau de Marracq). Ils ont connu bien des péripéties, entre autres une tige de selle brisée net en bas de la descente du col de Peyresourde et réparée à... Sainte-Marie-de-Campan, à deux pas de la fameuse forge de Christophe, cela ne s'invente pas ! De ce fait, Jean-Paul Rey se résigna à monter l'Aspin (et le descendre) sans selle, en attendant qu'une nouvelle tige soit amenée par la compagne de son partenaire.
Le pire fut la descente d'Aubisque, effectuée sous la pluie et dans le brouillard. De ce fait, les patins en liège n'adhérèrent plus sur les jantes en bois (frêne) et nos deux compères dévalèrent les 18 kilomètres en ne se servant que... de leurs pieds ! Enfin, ils avouèrent avoir dû batailler contre le sommeil lors des 60 derniers kilomètres, entre Saint-Jean-Pied-de-Port et Bayonne, dans la nuit noire. Mais les encouragements de leurs suiveurs, en particulier des anciens champions Jean Bobet et André Darrigade, qui les escortèrent avec admiration de Pierrefitte-Nestalas au sommet du Soulor, et le dernier ravitaillement offert à Cambo à 2h00 du matin par Henri Breuillé, vélociste passionné qui avait invité Francis Laffargue, ex-mentor de Miguel Indurain, leur furent du plus précieux des secours. Tout comme le fait d'avoir été accompagnés depuis Sainte-Marie-de-Campan, au pied du Tourmalet, jusqu'au sommet du col d'Osquich, par des membres du club Cyclo Roue Libre de Bernarc-Debat, sa présidente Gisèle Vincent en tête.
Invités après l'arrivée à sabrer le champagne chez la famille Martel, descendants bayonnais du fabricant du vélo utilisé par Jean-Paul Rey, les deux amis avouèrent être prêts à recommencer s'il le fallait, tant l'aventure avait été fabuleuse. "Et maintenant, ajouta Marc Lebreton, on sait. On sait ce qu'en 1910 ressentirent, en partie, les coureurs du Tour de France précipités dans les Pyrénées par Henri Desgrange." Et de confier son prochain périple : Perpignan-Luchon, première étape pyrénéenne de l'Histoire de la Grande Boucle, sur un autre vélo de course de 1910 ! Jean-Paul Rey, lui, se contentera d'écrire un livre pour faire revivre cette odyssée exceptionnelle, avec des photos exclusives de Pierre Duffour afin de faire revivre un moment à la fois hors du temps et hors du commun.
Il avait prévus de le faire en 19 à 20h,
En 1910 Lapize (sur d’autre routes) avait mis 14h et les derniers 21h43 ….

Merci à Jean-Marc de nous faire partager cet article (source www.velo101.com )

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